Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/130

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— Puisque nous serons tous deux, mon frère et moi !

— Mais, vous ne me servirez pas, vous, Lévise.

— Oh ! si, c’est ce que je voudrais !

— Mais, moi, je ne le veux pas !

Une lumière se fit soudain dans l’esprit de Louis, et il s’accusa d’une corruption que ne partageait point Lévise. Elle mettait sa gloire et son bonheur à être auprès de lui, mais non en égale, en amie, en maîtresse, elle n’ambitionnait qu’une chose : être sa servante et rien que sa servante. Et lui, il allait bien plus loin dans ses projets. Voila ce que comprit Louis, à l’honneur de la jeune fille, à l’honneur de la candide simplicité et de la naïve affection de Lévise ! De sorte qu’après avoir douté un moment auparavant, il ne savait quelle réparation lui offrir en voyant qu’il lui avait fait injure.

— Mais je ne suis pas assez riche pour employer Volusien, dit-il.

— Alors il trouvera à travailler ailleurs ! répliqua Lévise, et puis il aurait peut-être eu un trop mauvais caractère pour rester.

Les paroles de Lévise firent naître immédiatement, dans l’esprit de Louis, un plan pour arranger les choses. Puisqu’elle voulait être servante, elle serait servante. Il jugea l’idée excellente, car elle satisfaisait son plus ardent désir et elle avait l’avantage, il s’en persuada, de masquer d’une façon heureuse la véritable position qu’il comptait donner à Lévise. Il sauvegardait l’apparence, et bien qu’il lui en coutât d’abaisser à ce titre de servante la jeune fille qui était reine dans son cœur, il espérait qu’on n’aurait rien à dire contre elle, aucune attaque à lui jeter.

D’ailleurs Louis était entraîné par le désir qui est la