Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/132

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de défiance et une phrase d’ironie agressive. Il n’aurait, en effet, guère pu expliquer ce qu’il éprouva, qu’en disant qu’une vision venait de passer devant lui.

— Ah ! répliqua-t-il à Lévise, il a donc bien de l’influence sur vous deux, ce beau Guillaume ?

Il prononca ces derniers mots avec un accent de colère et de dédain.

Lévise n’y fit pas attention.

— Sur Volusien, oui, malheureusement. Mais quant à moi, il sait ce que je pense de lui ! dit-elle.

Guillaume et Lévise s’étaient donc souvent parlé, et de mariage ! d’amour ! Louis ne put contenir une nouvelle bouffée d’irritation et il s’écria :

— Ainsi me voilà venu ici exprès pour vous disputer à un paysan !

À peine avait-il parlé qu’il eût voulu effacer, anéantir ce qu’il venait de dire. Il l’avait moins prononcé contre Lévise que contre lui-même et il eût beaucoup donné pour que la jeune fille ne l’eût pas entendu et n’en fût pas atteinte ou blessée.

Heureusement elle était trop absorbée elle-même et étourdie par la joie de ces grands changements de sa vie, pour sentir le choc.

— Il n’y a rien à disputer, dit-elle, il ne peut rien contre moi. Il n’a pas la permission de rester toujours dans la commune.

Louis se réjouit de n’avoir point blessé la jeune fille.

— Ah ! reprit-il vivement, avec moi, vous n’avez rien à craindre de personne.

— Oh ! dit Lévise, on le sait bien !

Elle eut un air d’orgueil et de triomphe, qui montra à Louis combien cette conviction d’avoir trouvé un protecteur, un guide, la rassurait et avait dû contribuer à faire naitre et développer son affection.