Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/165

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trouva qu’elle avait plus de bon sens que lui. Il admira davantage encore les qualités de sa Lévise qui semblaient se multiplier. Il les comptait : la raison, la douceur, la délicatesse, l’énergie, l’activité, la franchise, la bonne humeur ! Il les comptait avec le délire presque extravagant de l’homme qui, croyant avoir trouvé un trésor d’une importance modérée, s’aperçoit que ses calculs ont été de beaucoup dépassés.

Par une tacite entente, les deux jeunes gens n’avaient point reparlé de la soirée de la veille, et lorsque le dîner fut terminé et Lévise prête au départ, Louis eut peur qu’il n’y eût pas une seconde promenade dans la campagne. Il ne se hasardait pas à y faire songer Lévise, lorsqu’elle l’amena dans l’ombre du corridor et l’embrassant lui dit :

— Comme hier, sous les saules !

Jusqu’à ce qu’Euronique fût mariée, Louis et Lévise allèrent chaque soir se promener au même endroit qu’ils appelèrent, à cause du ciel et des étoiles, le palais des diamants. Les tapis, les plafonds, les illuminations du palais donnaient texte à toute sorte de gais enfantillages.

Mais ce même second soir Louis questionna Lévise sur Volusien qu’il avait un peu oublié.

— Il est très-content, répondit-elle.

— J’aimerais mieux, dit le jeune homme, qu’il n’eût rien su de tout cela.

— Oh ! mais cela ne le regarde pas ! reprit Lévise avec la conviction féminine qui tranche tout à son avantage.

Et cette simple réplique persuada entièrement Louis pour le moment.

Le jeune homme était, depuis son arrivée à Mangues, comme un marin sur son vaisseau qui prend un intérêt