Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/208

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dissant toutes les forces de sa lourde cervelle. Le travail d’esprit qu’il accomplissait était immense. Sous l’effort, ses pieds broyaient avec agitation de menues branches d’arbres. — Seulement, ajouta-t-il, il me vient une idée : Je ne veux pas marcher comme un fou. Je veux aller jusqu’au bout. Si Lévise a fait ce qu’ils disent, il faudra qu’il l’épouse ou bien l’on agira.

Guillaume fit un mouvement.

— Qu’il l’épouse ! dit-il d’une voix singulière.

— Eh bien ! qu’as-tu à dire ?

— Bien ! répliqua Guillaume, qui ne pouvait en effet protester, mais à qui cette issue nouvelle déplaisait fortement. Est-ce qu’il l’épousera ? continua-t-il en haussant les épaules.

— Alors, on agira ! répliqua Volusien en sifflotant un air aigu et précipité. En attendant, il faut y aller prudemment. Nous n’avons pas les coudes libres ici, il faut mettre le bon droit de notre côté, sans quoi l’on nous balaierait d’ici. Le petit bourgeois a le bras plus long que nous. Moi aussi, j’aimerais mieux avoir affaire à Bagot.

— Voilà bien des paroles ! Tu t’entends à marcher lentement. Où veux-tu en venir ?

— Nous allons attendre trois ou quatre jours que ta figure soit guérie ! dit Volusien, qui ne pouvait cependant se décider rapidement.

— Qu’est-ce que ça fait, ma figure ? interrompit rudement Guillaume.

— Ça fait que si Bagot a parlé et que tu la montres, tu seras pris !

— Eh bien, nous pouvons aller le soir chez Lévise !

— Oui, le soir ! mais si tu fais le méchant, le petit bourgeois parlera comme Bagot, et on te fera encore partir.