l’escalier, droit comme une colonne, prêt à tout, outre d’avoir à s’expliquer ou à se justifier devant le paysan. Il avait d’abord pu croire, d’après ce que Lévise lui avait toujours dit, que Volusien venait demander de l’argent ou apportait quelque message de la part de Guillaume. Mais, à l’air solennel du paysan, à son air d’homme qui va monter à l’assaut, Louis devina bien ce que voulait Volusien. Lévise était entre eux deux, près de Louis, pleine d’angoisse, confiante dans son ami et inquiète pour lui, souhaitant ardemment que son frère fût puni de son audace et éprouvât combien Louis lui était supérieur, et décidée à se jeter devant le jeune homme et à lui faire rempart de son corps si Volusien, excité par la précédente querelle, faisait mine d’user de sa force.
Pour Louis, il ne pouvait se plier à considérer en Volusien un frère qui vient laver le déshonneur de sa sœur. Il ne voyait dans le braconnier qu’un être brutal, grossier, un coquin dont il était insupportable de souffrir la moindre réclamation, la moindre observation, plus même, un ennemi de Lévise. Il eut la pensée de le chasser sans le laisser parler. Mais Volusien reprit brusquement :
— Vous avez fait « fauter » cette fille-là, eh bien ! il faut que vous l’épousiez !
Et on avait beau éprouver du dégoût, on avait beau être plein de dédain et de répulsion pour celui qui parlait, celui-là dominait en ce moment, il était comme un juge ; il fallait répondre. Mais comment répondre ?
Céder, obéir à l’injonction du paysan, paraître le craindre, jamais s’humilier à ce point ! Dire non devant Lévise, lui porter ce coup ! Louis resta paralysé entre deux sentiments également forts, impérieux ! Il regardait Volusien, puis Lévise. À chaque seconde de ce combat l’amour-propre, le féroce amour-propre, l’emportait insen-