Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/241

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vous et de lui comme de deux cailloux de la route, et que je ne me donnerai pas la peine de m’occuper de vos colères ou de vos prétentions. Et maintenant, ajouta-t-il, d’un ton bref en montrant la porte avec un geste impérieux, ne remettez plus les pieds ici…

Volusien ne s’attendait pas à être traité avec cette cavalière raideur, et il avait toujours cru qu’il parlerait d’égal à égal. Il avait écouté en faisant un effort pour démêler si véritablement il commettait un acte d’audace illégitime en demandant réparation à Louis. La renonciation fougueuse et inattendue de Lévise au mariage le confondait et le privait de son plus grand ressort. Mais il lui sembla qu’on le bafouait par trop, que Lévise et Louis le prenaient pour un plastron. Il s’était avancé, on se moquait de lui, Guillaume était là, toujours prompt à l’appeler lâche ou stupide. Le sang lui monta aux joues.

— Vous êtes deux coquins, s’écria-t-il, vous vous f… de moi ! ça va finir.

Lévise le prit par le bras et essaya de l’entraîner en criant :

— Mais pars donc ! tu n’as plus rien à faire ici.

Volusien se raccrocha d’une main à la boiserie du vestibule et de l’autre saisissant lui-même fortement sa sœur, il reprit à toute violence :

— Toi, tu vas venir avec moi ! je t’emmène !

Le paysan traîna deux ou trois pas Lévise, qui appela :

— À moi, au secours ! Louis !

Volusien ne se « connaissait » plus à son tour. Louis était dans le même état.

Louis se rua sur le braconnier, lui arracha Lévise et le refoula malgré la force du colosse jusque sur la route, tant son élan fut ardent, extrême. On eût dit