Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/245

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poussé dehors par Louis, et c’était cependant ce qui l’avait le plus fortement troublé. Il ne comprenait pas la vigueur nerveuse subitement venue à ce petit homme chétif, et il était intimidé par cette série d’actes énergiques, l’expulsion et la mise en joue avec le pistolet, qui lui paraissaient un mystère redoutable chez un être qu’il aurait volontiers comparé à une femme auparavant.

— Eh ! répondit toujours de la même façon Guillaume, mon garçon, c’est tout simple, nous ne sommes pas des hommes, nous sommes des loups, je te l’ai toujours dit. Il secoua lentement la tête d’un air concentré.

— C’est pour ça que tu n’y es pas allé, dit Volusien qui en voulait à Guillaume d’être plus décidé, plus clairvoyant que lui.

— Pas de bétise ! reprit Guillaume, tu sais ce que je suis.

— Et cette coquine, continua Volusien, qui s’est tournée contre moi et qui ne veut pas être mariée avec lui parce qu’il est au-dessus d’elle. J’ai voulu l’emmener de force, alors l’autre m’a ajusté. Il a fallu que je revienne ! C’est un petit rageur. On n’y touchera pas comme on voudra. Je ne sais plus que faire ! s’écria-t-il déconcerté de n’être pas soutenu, excité comme à l’ordinaire par le beau Guillaume.

Il ne voyait pas de moyen maintenant de peser sur Louis et Lévise, car s’il pouvait, dans un moment de colère, prononcer de graves menaces et croire fermement qu’il les exécuterait, il était au fond incapable de se jeter de lui-même dans une méchante affaire, et même de poursuivre depuis le matin jusqu’au soir seulement la réalisation d’un dessein qui eût exigé des efforts, des combinaisons pénibles pour l’esprit, une tension de haine, par exemple. Avec une figure d’une apparence bien plus