Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/247

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non pas seulement sur le rare gibier qui se leva, mais il ajustait des buts qu’il se donnait, et chaque fois que son coup réussissait il disait avec affectation : Allons, la main ne se gâte pas !

Ces bois étaient des bois communaux mal gardés, où l’on pouvait tirer assez à son aise sans craindre d’attirer le garde unique chargé de les surveiller.

— Tu veux tuer ! répétait toujours Volusien.

— Tu me crois donc bien méchant ? répliqua plusieurs fois Guillaume.

Ce ne fut que lorsque Volusien, enfin convaincu des intentions de son camarade, lui eut dit : Mais nous irons en cour d’assises ! que le braconnier se retourna vers lui et s’écria :

— Allons donc, je suis sûr de mon affaire, Lévise m’était promise ! quant à toi, c’est encore mieux, c’est ta sœur ! tu t’y es bien pris, on t’a répondu avec un pistolet. Et moi je parlerai avec ça !

Il tapa sur le canon de son fusil.

— Si tu as peur, tu me regarderas.

— Et Lévise ? demanda Volusien sérieusement tourmenté.

Guillaume le regarda en face, comme s’il eût voulu le magnétiser, et lui dit d’une voix tranquille :

— C’est à Lévise que j’en veux le plus.

C’est moins par réel grief que par perversion de raisonnement, amour-propre odieux, que des pères tuent leurs filles déshonorées, et les amants repoussés les femmes qui ne les aiment pas. Le braconnier, voyant Volusien faire un mouvement de protestation effrayée, ne lui donna pas le temps de parler.

— Je veux te donner de l’honneur malgré toi, dit-il avec une force emphatique, tu n’as pas voulu mendier, ni