Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelle conviction dans Guillaume, quelle absolue certitude ! quel sentiment de son droit ! et on n’irait pas en cour d’assises ! Guillaume le savait !

Volusien devint très-sombre, mais n’osa plus parler des pensées que l’autre avait remuées dans son cerveau. Il contempla deux ou trois fois son camarade avec une admiration mêlée de crainte, et le beau Guillaume lui répondit par un rude regard de triomphe. Il sentait qu’il subjuguait Volusien, et il était satisfait d’en obtenir le consentement tacite à ses desseins. Du reste il commençait à en arriver à ce singulier état maniaque des meurtriers et de ceux qui songent au suicide, état dans lequel tout devient excitation, l’opposition ou le concours.

Quand l’esprit s’est ainsi arrêté sur ces terribles projets de mort, qu’on la destine à soi-même ou à un autre, il se passe une transformation curieuse et redoutable. Autant il était agité avant de s’être fixé, autant l’esprit, de la brute jusqu’à la plus vive intelligence, devient calme. Il est subitement fermé à toute autre idée, et il ne s’occupe plus qu’a caresser le cruel projet, à s’en faire un jouet et une jouissance, à le préparer minutieusement, à s’en repaître, à le savourer lentement, sans se presser. L’idée fixe s’étant emparée de l’homme, il perd toute notion étrangère à ce qu’il va accomplir, il ne voit plus ni au delà, ni à côté. Non, son œil, sa pensée sont cloués sur l’heure, sur le moment précis, sur le moyen certain de l’acte à accomplir. Sa volonté tout entière absorbée et rétrécie dans ce cercle y acquiert une force extraordinaire, pour arriver uniquement à son but, pour en parcourir d’avance les plus petits détails d’exécution. De là ce soin, cette science, cette dégustation préalable du meurtre et du suicide. Mais aussi cette volonté devient