la même minute, chaque impression reçue réveillant toute la bande des autres et les mettant en branle.
Un tel caractère peut donner plus de mérite à l’énergie, car cette énergie doit se faire jour, pour ainsi dire, à travers des haies, des barricades, et elle est accompagnée par une foule de voix qui l’assaillent et lui crient : Retourne en arrière, où vas-tu ? là est un monstre, là-bas un précipice, ici un torrent sans pont, derrière un incendie, à côté une trahison.
Et si elle recule, il faut qu’elle revienne à la charge et regagne le terrain perdu, faisant un effort décuple de celui qu’emploient les êtres tout d’une pièce. Elle en prend quelquefois une rage, une fougue singulière.
Voici ce qui se passa entre les deux jeunes gens quand Volusien fut parti. Lévise avait depuis une heure porté le poids de deux cruels assauts, qui l’avaient épuisée. Ses forces étaient dépassées. Elle se jeta à genoux devant le lit, y appuyant sa tête et frappant de ses mains désespérées comme pour prendre le ciel à témoin qu’elle en avait trop essuyé. Elle pleurait, jetait des sanglots violents. Ses larmes coulaient à torrents et elle criait de temps en temps : Mon Dieu ! mon Dieu ! que vous ai-je fait ? Elle tremblait de tout son corps, il lui semblait voir Louis renversé, foulé aux pieds par Volusien ; elle-même croyait se sentir encore sous l’étreinte de son frère, entraînée comme un agneau par un loup, puis jetée comme une proie à Guillaume. Un instant après, c’était Volusien qui lui apparaissait étendu sanglant à terre, la poitrine percée par la balle du pistolet de Louis, et cent personnes assemblées autour de lui étendaient la main vers la jeune fille en l’appelant : Sœur indigne, dénaturée, criminelle !
Ces images de terreur et de remords l’assaillaient.