Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/313

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l’année dernière, en voilà un qui a fait mourir son père de faim pour en hériter plus vite, en voilà un qui a volé et qui a fait condamner un innocent…

Une explosion incroyable de jurons, d’insultes, de menaces, de hurlements plus forts étouffa sa voix, bien qu’elle criât à se briser la poitrine, frénétiquement. Une torche fut jetée contre Lévise, le capitaine saisit la torche au vol. L’indignation le prenait.

— Vous mériteriez qu’on vous tire des coups de fusil ! leur dit-il.

Une avalanche des plus horribles invectives monta dans l’air. Lévise se voyait un peu vengée, peu lui importait. Elle secouait la tête avec mépris.

— Il faut entrer dans la maison ! Il faut la démolir ! Démolissons la maison ! braillèrent les paysans devenus furieux. Ceux qui avaient des bâtons commencèrent à attaquer à tour de bras la porte et les volets du rez-de-chaussée.

Louis était dans une espèce de fièvre chaude. Après avoir inutilement battu la porte à en tomber épuisé, il était allé à la fenêtre donnant sur le pré pour sauter à terre et courir sur les paysans. Puis le son de la voix de Lévise l’avait ramené à la porte qu’il avait recommencé à ébranler désespérément.

— Ouvrez-moi, ouvrez-moi donc ! demandait-il avec des supplications exaspérées.

Puis quand il entendit les paysans menacer de démolir la maison, et taper sur les fenêtres du rez-de-chaussée, il ne cria plus, il ne hurla pas, son accent devint indescriptible : Mais, capitaine, jetez-leur donc de l’eau bouillante ! mais qu’on tue ces misérables, mais ouvrez-moi, je vous tuerai vous-même ! ouvrez-moi donc que je tire sur ces chiens enragés.