Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/331

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nous faut quelques hommes de bonne volonté ! les coquins doivent être dans les bois. Il y aura une battue à faire !

Comme personne ne répondait à l’appel, l’entreprise paraissant périlleuse, le capitaine s’écria d’une voix tonnante : Vous êtes donc tous des complices ? il n’y en a donc pas un seul qui ait du cœur, ici ?

— Allons, répéta le maire, c’est dans l’intérêt général.

Bagot, qui se trouvait dans le nombre et qui avait une grande haine contre Guillaume, s’avança enfin.

— Moi, j’en suis !

Quatre ou cinq autres, gens vigoureux et qui avaient eu à se plaindre des braconnages, se présentèrent l’un après l’autre. On alluma des torches, les gendarmes et le capitaine prirent la tête, et la petite troupe se dirigea vers la maison de Volusien, à tout hasard, car on ne comptait pas y rencontrer les braconniers. Le médecin arrivait au même moment, et sous sa direction on transporta les corps dans une chambre.

Volusien et Guillaume étaient encore dans le fort de leur querelle quand les pas précipités de la bande conduite par le capitaine frappèrent leurs oreilles. Ils reconnurent la lourde et régulière marche des gendarmes. Le sentiment de la culpabilité, la fureur de n’avoir point pris de précautions, l’emportement excité par les reproches de Volusien, tout porta Guillaume à la violence et à la résistance. Il chargea son fusil et, poussant Volusien par l’épaule : Veux-tu te laisser arrêter ? dit-il rudement.

L’habitude des alertes dans la nuit, celle de manœuvres, de courses pour fuir les gendarmes, entraîna machinalement Volusien ; il se leva, mais il ne s’arma pas !

— Attention, ajouta Guillaume, tâchons de gagner les bois.