Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

supplice qu’il subissait, de n’avoir pas attaché d’importance aux derniers mots prononcés par Lévise. Mais il était poussé cependant, au milieu du désordre où il se trouvait, par un désir extrême, intense, qui dominait tout, sans qu’il sût s’en rendre compte. C’était que Lévise revînt chaque jour, et restât auprès de lui le plus longtemps possible pour qu’il éprouvât encore toutes ces sensations aiguës, délicieuses déjà, qui l’avaient caressé et endolori depuis qu’elle était venue dans sa maison.

— Ne vous tourmentez pas ! dit Louis à la jeune fille, ne vous découragez pas ! Je pense que cela ne vous empêchera pas de revenir demain !

— Non, monsieur, répondit Lévise, qui paraissait un peu soulagée.

— Je m’arrangerai de façon à ce que la servante ne vous… ennuie plus ! Il faudra que vous me fassiez d’ailleurs un plaisir, qui sera de vous refuser à exécuter les petits ordres qu’elle pourrait prétendre vous donner. Vous n’aurez, du reste, que fort peu de rapports ensemble !

— Je ne voudrais pas qu’on fît de la peine à Euronique pour moi, dit Lévise.

— Ne le craignez pas, reprit Louis ; mais il ne faut pas non plus que ses lubies vous exposent à perdre votre travail. On a toujours besoin de travailler, et c’est à cela qu’il faut penser par-dessus tout.

En parlant de travail, Louis éteignait enfin le feu auquel il avait peur de se brûler.

Il éloignait les idées de trouble qui remplissaient l’air un moment auparavant. Outre qu’il se délivrait d’une émotion accablante, excessive, il se demandait s’il n’accomplissait pas un acte loyal, en reportant l’esprit de Lévise vers les choses régulières, au lieu de l’attirer « peut-être » sur un terrain dangereux, au lieu de le