Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/74

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être malade et avait envoyé Euronique ou chercher quelque chose, ou prévenir Volusien, et il se préparait à retourner chez lui. Ensuite il supposa que la jeune fille avait chargé la servante de porter le mouchoir de soie à la maisonnette. Hors de là il n’imaginait rien.

Louis ne voulut pas qu’Euronique le vît. Il se cacha derrière une haie et la laissa passer, espérant apprendre au retour le motif de son voyage. Mais il n’apprit rien. Lévise était tranquillement à la même place ; le beau mouchoir n’avait point quitté ses épaules. Euronique fredonnait dans la cuisine.

— Je saurai demain ! se dit le jeune homme.

Et toute la journée l’impatience « piétina » dans sa poitrine.

Le lendemain, en effet, Lévise apparut avec ces traces bleuâtres et rouges sur la figure, que déjà on y avait vues un matin. Louis frémit ; un frisson de douleur et de colère parcourut tout son corps. Lévise avait donc été frappée de nouveau par son misérable frère. Les sourcils froncés, les lèvres serrées de la jeune paysanne témoignaient d’un état de vive agitation.

Il était clairement écrit sur son visage « marqué » qu’Euronique avait averti Volusien que Louis donnait des mouchoirs de soie à la jeune fille. Louis eut envie d’étrangler sur-le-champ la vieille méchante créature. Il l’eût maltraitée, s’il l’eût trouvée à cet instant. Il la chercha furieusement partout ; mais, en apercevant Lévise, Euronique avait sournoisement filé dehors.

Louis revint près de Lévise.

— Enfin, dit-il avec force, vous ne pouvez plus le nier. Ce mis… votre frère vous a encore frappée !

— Oh ! je me défends, répondit-elle d’un air concentré et sombre.