Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre le braconnier ; mais la résistance de la jeune fille à ce sujet, l’espèce de mystère dont elle semblait vouloir couvrir les scènes de son petit intérieur, faisait craindre à Louis que son intervention ne fût fâcheuse ou impossible. Il songeait à s’adresser au maire ; mais il eut peur d’éveiller l’attention sur ce qui se passait entre Lévise et lui, et de compromettre la jeune paysanne.

Cependant, vers deux heures de l’après-midi, Euronique rentra, en se glissant comme une souris. La vieille avait jugé ce temps nécessaire pour l’apaisement de la fureur du jeune homme. Elle espérait ne subir qu’un assaut ordinaire.

Dès que Louis l’entendit, il lui courut sus. Elle se faisait toute petite.

— Qu’êtes-vous allée faire hier chez les Hillegrin ? demanda-t-il avec une sévérité qui intimida la servante.

— Monsieur, je n’y suis pas allée.

— On vous a vu y entrer.

— Ce sont des menteurs…

— C’est moi qui vous ai vue. Qu’alliez-vous y faire ?

Euronique, visiblement, n’était point à son aise. Elle ne répondit pas.

— Vous convenez d’y être allée, n’est-ce pas ?

Euronique baissa le nez.

— Vous ne répondez pas, c’est que vous savez que je connais vos stupides méchancetés. Je vous chasse. Vous partez aujourd’hui même.

— Oh ! monsieur, dit Euronique d’un ton larmoyant, je vous jure que vous n’aurez plus rien à me reprocher. Monsieur sait bien que j’aime beaucoup son service. Monsieur a un moment d’emportement. Il ne trouvera pas de cuisinière comme moi dans tout le canton. Je ne dirai plus rien. Monsieur sera toujours content. Je me