Page:Duranty - La Cause du beau Guillaume.djvu/90

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fensif d’un homme dont on riait. Il commença alors l’exécution de son plan de malices.

— J’ai vu de bien jolies filles à ce bal, ajouta-t-il.

— Oui, il y en a, répliqua Lévise d’un air assez contraint.

— Il y en avait une surtout, ajouta Louis, qui m’a regardé plusieurs fois en passant. Oh ! qu’elle est jolie ! j’avais envie de l’inviter pour une contredanse.

Lévise ne répondit pas.

— Elle était élégante, continua Louis, et elle ne ménageait pas ses yeux. Je l’ai entendue causer. Elle a de l’esprit… vous devez la connaître : une personne brune, grande, charmante…

Lévise fondit soudain en larmes, avec une violence de sanglots qui arrêta et pétrifia Louis. Puis, se levant brusquement, elle courut à la porte en rejetant son ouvrage sur la chaise et sortit.

Elle est jalouse ! s’écria Louis, heureux et consterné à la fois.

Il crut que, le premier mouvement de chagrin passé, Lévise ne tarderait pas à reparaître ; il l’attendit d’abord avec tranquillité. Ne la voyant pas revenir, il regarda dans la rue mais n’aperçut pas la jeune fille. Il ne s’inquiéta pas encore.

— L’impression a été très-vive, se dit-il, il faut qu’elle ait le temps de s’affaiblir. Lévise est quelque part dans le voisinage, peut-être même chez elle. En mettant les choses au pis, elle sera calmée dans deux heures.

Le grand cri qui s’élevait dans la poitrine du jeune homme et écrasait toute autre sensation était celui-ci : Elle m’aime !

Les deux heures se passèrent. Point de Lévise ! Louis lui « accorda » toute la journée pour sa boutade. Elle ne