Page:Duranty - Le Malheur d’Henriette Gérard.djvu/139

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dans la chair et n’osait les ôter toute seule, de peur d’aggraver encore le mal, et elle pouvait suivre les progrès de l’inflammation, qui augmentait. Le genou et les poignets de son enfant gonflaient à vue d’œil. Elle contemplait avec désolation ces blessures qu’elle n’avait aucun moyen de panser. De temps en temps Émile se plaignait sourdement, et il semblait à madame Germain que chacune de ces plaintes allait lui arracher le cœur ; elle n’avait que de l’eau fraîche, dont elle lui bassinait doucement les tempes, comprenant bien combien était illusoire ce remède ! Elle se serait ouvert la poitrine pour trouver tout de suite quelque chose qui soulageât Émile. Ce ne fut que le matin seulement qu’on put avoir le médecin.

La maladie du jeune homme dura trois semaines et fut bienvenue ; l’attente de la guérison, la faiblesse de son corps, le vague de son cerveau, furent un bien pour lui : il ne pensait plus tant aux Tournelles.