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CHAPITRE XI


les blessés


Quand la terrible jeune fille fut sortie, madame Gérard, qui était debout, se laissa tomber dans un fauteuil et mit la main sur son cœur en murmurant : « Quel coup ! » Elle fut entourée, on lui fit respirer des sels.

« Revenez à vous, répétait madame Baudouin.

— Que vous disais-je, répondit-elle, de l’ingratitude des enfants ? Elle nous a tous bravés et insultés

— Ça été un coup de vent qui a soufflé sur nous, dit Pierre, mais ça ne peut pas durer.

— Oui, oui, dit madame Gérard, cela changera. Et, se relevant de son fauteuil, où l’émotion ne l’avait pas clouée pour bien longtemps, elle s’adressa à Mathéus toujours consterné, et qui regardait stupidement la porte par où était sortie Henriette.

— Oh ! Monsieur, que d’excuses j’ai à vous faire pour cette inconcevable scène dont j’ignore le motif ; mais je vous prie de croire que notre autorité aura gain de cause et que nous ne souffrirons pas cette révolte.

— Certainement, dit Pierre ; vous êtes toujours notre gendre, Monsieur.

— Et je prie tout le monde, reprit madame Gérard se tournant surtout vers l’avocat et sa femme, de garder un silence amical sur des choses plus ridicules que graves. Nous aurons bientôt l’explication de cette conduite, que j’attribue à quel-