Page:Duranty - Le Malheur d’Henriette Gérard.djvu/84

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sans prétendre à l’infaillibilité des institutions ecclésiastiques, et malgré des allures plus modestes…

— Nierez-vous que le tribunal de Dieu ne soit plus auguste que le tribunal de Villevieille ? s’écria le curé en rougissant de son courage.

— Avec des phrases, on va loin, reprit M. de Neuville. Je vous conterai, moi, des histoires augustes et édifiantes sur vos confrères… »

Madame Gérard s’amusait de ces escarmouches, mais elle mettait du savoir-vivre à les arrêter.

« À propos Messieurs, dit madame Gérard, avez-vous reçu une nouvelle invitation de madame Baudouin ?

— Oui, Madame.

— Vous savez que je ne suis pas invitée !

— Puisque vous n’êtes pas en relations avec elle, dit avec embarras M. de Neuville.

– Je ne sais, dit madame Gérard, s’il n’y aurait pourtant pas bonne grâce et fermeté d’esprit à résister aux influences un peu vulgaires de la richesse ; madame Baudouin est une femme sans esprit et qui s’est conduite sottement envers moi…

— Mon Dieu, dit le président, je n’y suis allé qu’une fois, et je n’y remettrai pas les pieds.

— Moi, je n’y suis jamais allé, dit avec un air de triomphe le curé, qui espérait gagner un mérite aux yeux de madame Gérard.

— Cette femme et le curé de Saint-Louis ont été odieusement ridicules, reprit madame Gérard. Je ne sais pas ce qu’elle a cru, mais je compte qu’elle s’en mordra les doigts. Je leur ai montré que je ne suis pas une provinciale, et ils apprendront qu’il y a des personnes envers qui il est dangereux de commettre des impertinences.

— Madame Baudouin semble s’en repentir, dit M. de Neuville.

— Vous avez toujours eu un faible pour ces étalages qu’elle a faits.

— Oh ! dit M. de Neuville, vous pensez bien que je lui sais trop mauvais gré de ses procédés à votre égard.