Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/106

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Mais il sembla à Joachim qu’une petite pointe aiguë avait couru le long de sa poitrine.

Mlle  Guay avait passé la matinée avec Françoise.

— Tu m’as porté bonheur ou malheur, disait celle-ci, Il y a un homme qui m’a beaucoup frappée l’autre soir et que j’aurais du plaisir à revoir.

— Ah ! tant mieux, s’écria la jolie petite Guay, toute joyeuse.

— Je ne l’ai vu que deux ou trois fois, et sa présence me cause une impression de sécurité, de force, que je ressens très clairement. Et maintenant pourquoi celui-là, pourquoi tout à coup ? Il est certain que je causerais avec lui comme avec toi. Croirais-tu que j’y ai rêvé ! Et je ne suis pas effrayée du tout !

— Et pourquoi le serais-tu ?

Françoise eut un geste d’hésitation et reprit :

— Parce que j’aurais pu ne pas avoir de confiance… Mais j’ai vu qu’il comprenait ce que je sentais, qu’il n’aimait pas les gens qui troublent ma vie, et qu’il approuvait ma conduite et mes pensées. Et cela est si rare, que je t’avoue que je lui en suis très reconnaissante. Il est impossible de montrer plus de tact, de franchise qu’il ne l’a fait l’autre soir.

Après quelques paroles encore, on annonça justement M. Allart.

— C’est lui ! dit Françoise bas à Charlotte, et elle devint toute rouge.

Mlle  Guay ouvrit ses plus grands yeux pour mieux dévorer l’homme extraordinaire qui avait touché sinon