Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/111

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— Un ange plein d’énergie, peut-être ! dit Allart. d’un ton âpre et sourd.

— C’est le rêve ! murmura pour ainsi dire malgré elle Françoise à demi-voix. Allart l’entendit, recueillit le mot précieux comme un parfum et l’enferma dans son cœur comme dans un reliquaire. Mais il resta la tête baissée, n’osant montrer qu’il l’avait entendu et y répondre.

Mlle Guay le regardait d’un air approbateur.

Allart avait parlé avec cette voix voilée du cœur, voix qui semble partir d’une lointaine profondeur et vibrer à moitié étouffée et suppliante, à travers quelque souterrain où elle est captive.

Françoise s’estima heureuse de la présence de Charlotte, qui lui permettait de se recueillir et de savourer ses émotions.

Et maintenant Allart aussi était heureux qu’il y eût là un tiers !

Ce fut donc un moment de charme extrême pour ces trois personnes, que le court silence qui suivit les paroles d’Allart, Mlle Guay étant, dans sa charmante et enthousiaste amitié envers Françoise, flattée de ce que disait ce nouveau-venu.

— Peut-être, dit enfin Françoise, cherchons-nous parfois avec détresse, autour de nous…

— Nous voilà des madame Diogène maintenant, s’écria Charlotte.

Les deux autres sourirent à peine, et Françoise continua avec plus de décision :

— Oui, il nous faudrait un homme en qui nous