Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore des renseignements à Mme Desgraves, puis il rentra chez lui, l’esprit absolument retenu, fixé autour de ces deux personnes, Mme du Quesnoy et son mari.

Le lendemain matin de très bonne heure, Joachim du Quesnoy arrivait chez M. Niflart, faiseur d’affaires très actif, et qui avait une belle clientèle de personnes riches voulant spéculer sans être en nom. M. Niflart était un homme mince, jeune, toujours vêtu de noir, portant du linge très fin, étalant sur son gilet une splendide chaîne d’or, et ayant les dehors les plus sérieux, avec une tournure presque distinguée.

M. du Quesnoy serra les mains de Niflart avec force, en entrant.

— Qu’est-il donc arrivé ? s’écria aussitôt l’autre.

— J’ai perdu hier quatre-vingt mille francs au jeu… dit Joachim avec des lèvres imperceptiblement tremblantes, mais en homme qui ne voudrait pas paraître trop atteint.

— Quatre-vingt mille francs ! répéta Niflart, qui faillit bondir…

— Et il faut qu’ils soient payés aujourd’hui ! Vous savez que je compte sur vous comme sur un frère… reprit Joachim dont le visage était devenu tout à fait inquiet.

M. Niflart vint à lui, et lui donna à son tour une grande poignée de main. Puis il se mit à marcher de long en large.

— Enfin, demanda Joachim, est-ce que vous ne…

— Ce n’est pas ça, ce n’est pas ça, mon cher ami, s’écria l’autre d’un ton aigu et plaintif, mais vous êtes