Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/122

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que de répondre, c’est donner un poignard avec lequel on peut être égorgé plus tard. Françoise s’accusa de défiance, mais ne répondit pas. Il y avait aussi quelque curiosité de sa part à tenter cette expérience. Si l’homme était épris, s’il était digne par conséquent de tendresse, il ne s’arrêterait pas à cette sorte de première dureté. Il sortirait intact de l’épreuve. Grâce à cette pensée, Mme  du Quesnoy se pardonna de ne point braver la loi de non-réponse qu’elle avait entendu enseigner par tant de docteurs de la vie mondaine. Elle avait même du plaisir à employer de l’adresse, comme si elle se fût découvert une faculté inattendue.

Toute la journée qui précéda le départ de Joachim, elle la passa dans le pays des songes d’or, oubliant la plupart du temps que son mari parlait ou ne se le rappelant que pour souhaiter ardemment qu’il fût déjà éloigné.

Elle n’écouta pas ce que lui dit M. du Quesnoy en se séparant d’elle, et pendant deux ou trois jours elle se demanda si elle avait entendu ou lu, et comment, cette phrase :

« — Vous serez la plus honnête femme de Paris, comme toujours ! »

Phrase qui résonnait obstinément à son oreille, chaque fois que, pensant à Allart, Françoise se disait :

— Il viendra, il viendra peut être aujourd’hui !

Dès qu’elle fut restée seule, l’air lui parut plus léger, plus pur, plus facile à respirer, et elle ne tarda pas à revenir à elle-même, comme quelqu’un qui passe d’un lieu étouffé à un endroit frais. Elle écrivit aussitôt à