Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous ne soyez pas vicieuse, mais vous avez toujours manqué d’intelligence. Tant pis pour vous. S’il vous arrive mal, je m’en lave les mains. N’ajoutez plus un mot.

Françoise soupira, mais ne chercha pas à fléchir sa mère. Elle seule se soutiendrait. Elle seule avec l’amour d’Allart, où on la forçait à s’attacher davantage. Et puisque tout secours du dehors lui manquait, elle en serait moins faible et prendrait en elle-même la résolution nécessaire pour vaincre les assauts de la crise.

Elle laissa partir sa mère qu’elle accompagna jusqu’à la dernière porte de ses appartements, et qui ne lui dit même pas adieu.

Peu après, Philippe prévint qu’il serait plusieurs jours sans la voir, son frère l’abbé l’ayant prié de l’aider dans un travail et des démarches très pressés. Elle crut en éprouver d’abord de la joie, comme si un répit lui était accordé.

Mais, au contraire, ces quelques jours de séparation la ramenèrent plus violemment à lui. Elle faiblissait ; cette lutte la fatiguait trop. Elle interrogeait les compensations que pouvait donner la perte de cet honneur dont la conservation voulait un combat si harassant. Eh bien, ce qu’elle aurait, c’était Philippe tout entier, à jamais !

Le monde, hostile auparavant déjà, ne le serait pas davantage ensuite. Elle s’en séparerait tout à fait. « Allard, se disait-elle, ne doit-il pas croire que je ne l’aime pas et que je suis une femme égoïste et menteuse ? Oh non ! il faut qu’il sache que je l’aime ! »