Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/155

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— Vous voulez donc vous perdre entièrement ? C’est terrible ce que vous avez fait là. Je ne vous comprends pas.

Cela était dit à voix basse, rapidement, d’un ton dur. Il ne semblait pas la reconnaître. Il ouvrit lui-même la porte d’entrée, mit la main sur l’épaule de Françoise, et elle se trouva dehors. La porte se referma sur elle.

— Cette femme vient jusque chez vous ? demanda l’abbé avec mécontentement.

— C’est la première et la dernière fois, répondit Allart avec un geste d’humeur et de souci.

— Bien, car je ne pourrais y revenir, ajouta l’abbé.

Allart ne répondit pas, et il y eut un silence absolu entre eux pendant très longtemps.

À onze heures du soir, Allart reçut une lettre de Françoise sans timbre de la poste. Il était inquiet de l’impression que son brusque mouvement avait pu causer à Mme  du Quesnoy ; mais, malgré son émotion, le travail où il aidait son frère n’étant pas terminé, il ne décacheta pas la lettre. L’abbé, qui d’un vif coup d’œil avait reconnu une écriture de femme dans l’adresse, eut pitié du martyre d’Allart, qui paraissait rendre hommage au prêtre par cette sorte de mortification qu’il s’imposait.

— Vous ne lisez pas votre lettre ? dit-il.

— Non, je sais ce que c’est.

Cependant son héroïsme ne put durer. Il étendit la main sur la lettre, et comme il semblait presque honteux :

— Lisez donc, dit son frère, il est tard, je vous quitte.