Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/192

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serait raisonnable : cent cinquante, deux cent mille francs par exemple, on renoncerait à ces aléas et on entrerait dans une voie de bénéfices plus sûre, plus légitime, en lançant ses fonds dans quelqu’une de ces opérations commerciales d’outre-mer où l’on réalise parfois de fabuleux bonis.

Eh oui ! Il y avait cent façons de se tirer d’affaire ! Il jeta sa plume en l’air, comme un maréchal qui lance son bâton de commandement dans les lignes ennemies, et, la tête empourprée, les artères battantes, le pouls bondissant, la poitrine gonflée, il alla s’étendre sur son lit.

À peine dormit-il. Partir, partir ! arriver là-bas, nouer les premiers fils de la trame, voir lever l’aurore de ce beau temps nouveau, entendre le son, le délicieux froissement des premiers billets de banque reconquis !

Il dut attendre cinq jours la réponse du ministère. Si elle avait tardé un jour ou deux encore, il serait parti ! La nécessité de ne pas compromettre sa position aux affaires étrangères en quittant irrégulièrement son poste, le retint ; mais il comptait désespérément les heures dont chacune aggravait son mal financier, dissolvait le reste de son crédit, réduisait ses chances de restauration.

Il passa ces cinq jours presque tout entiers auprès de Mme d’Archeranges qui n’était pas toujours à l’unisson avec lui, et oubliait parfois qu’elle avait affaire à un homme absorbé et impatient. Cependant, dans une de leurs conversations :