Il ne répondit pas tout de suite. Sa figure devint sombre, puis s’éclaircit, mais en gardant quelque peu de contraction.
Il arrêta sur Françoise des yeux résolus.
— Rien ne nous séparera, ma chère amie, ma chère enfant, lui dit-il.
— Oh ! Philippe, s’écria-t-elle en venant tomber sur son épaule et en pleurant tout à coup.
Elle qui avait pensé bien moins que lui qu’ils pouvaient être séparés, venait d’entrevoir toutes les douleurs de la séparation.
— Eh bien, lui demanda Allart, pourquoi pleurez-vous ?
— Oh ! si nous n’allions plus nous revoir, dit-elle.
— Et pourquoi voulez-vous que nous ne nous revoyions plus ? Nous nous reverrons partout, chez les gens que nous connaissons, chez Mlle Guay, ici.
Il lui parlait comme à un enfant. Elle adorait ce ton tendre et viril. Elle fut rassurée aussitôt.
Elle n’avait jamais craint Joachim, et avec l’appui d’un homme comme Allart elle se sentait si forte !
Il l’effraya cependant encore un peu. Toujours attentif pour elle, il lui dit : Seulement, brûlez mes lettres, un hasard pourrait les livrer.
— Oh ! dit-elle avec une sorte de plainte, pensant à la perte du trésor. Et elle ajouta :
— Vous ne m’écrirez donc plus ?
— Je vous écrirai chez Mlle Guay. Aussitôt qu’il sera revenu, vous me ferez prévenir par elle et vous me donnerez rendez-vous chez elle.