Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/206

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— Si j’avais pu revenir aussitôt, j’aurais éteint tout ce bruit, car il ne s’agit que d’une grosse perte d’argent à liquider.

— Votre nom est compromis dans je ne sais quelle véreuse affaire. Le roi tient à ce que les ministres soient très scrupuleux dans le choix de ses serviteurs.

— Mais, monsieur le ministre, les intérêts privés peuvent être journellement atteints par des sinistres plus ou moins publics, sans que le dévouement et la capacité d’un homme revêtu de fonctions en soient altérés.

— Oui, si la cupidité n’avait pas traîné les intérêts privés jusque dans le scandale des tripotages de Bourse, dit le ministre qui parlait comme s’il eût été à la tribune.

— Mais le prince de N… a dû témoigner au roi sa bienveillante estime pour mes services.

— Le prince n’eût point écrit à Sa Majesté, s’il eût su quelle défaveur peut jeter sur le gouvernement de France la maladresse, pour ne pas dire plus, d’un de ses agents. Du reste, monsieur, vous comprenez parfaitement, je n’en doute pas, nos griefs et la répugnance que nous aurions à conserver sur la liste diplomatique du royaume un nom jadis honorable, maintenant couvert d’une tache difficile à laver.

— Oh ! monsieur le ministre, c’est blesser au cœur un homme malheureux, car vous le condamnez sans lui permettre de se justifier, s’écria Joachim d’un ton presque pathétique.

— Vous êtes injustifiable, monsieur, répliqua le ministre, le terrassant par ce coup de massue, et il sonna pour qu’on introduisît une autre personne.