Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/256

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— Oh ! Philippe, je ne puis être gaie. Je ne sais plus que faire. Conseillez-moi !

— Eh ! le sais-je donc ! se dit-il. Que s’est-il passé ? demanda-t-il alarmé.

— Oh ! rien ; mais hier soir nous avons causé et j’ai dû faire des projets d’avenir avec lui.

— Vous me demandez conseil, reprit-il d’un ton bref, eh bien, ma chère amie, il faut vous dévouer à votre mari, faire tout ce que vous pourrez pour qu’il soit heureux, vive longtemps et arrive aux plus grands honneurs. Moi je retournerai en Orient. Et la vertu battra des mains, s’écria-t-il avec une amertume désespérée.

Françoise le regarda, non moins désespérée.

Il eut un air étrange.

— Voulez-vous, dit-il d’une voix sourde, que nous partions à l’instant même pour l’Italie, pour l’Angleterre ou pour l’Amérique ? Nous le pouvons et tout sera fini, continua-t-il vivement, nous n’en entendrons plus parler.

Elle baissa la tête en frémissant. Quiconque a le courage de ces grandes décisions ou la folie de ces coups de tête, n’est-il pas sauvé ? Mais le long sillage d’infamie qu’on laisse derrière soi et qui vous suit partout !

— Il faut, répondit Françoise, se redressant d’une façon résolue, il faut envisager avec fermeté et sang-froid notre cruelle situation.

Il partit d’un élan de colère. Tous les jours, dit-il violent, on peut se trouver dans des situations graves, difficiles, dangereuses, mais où il y a une issue, et il