Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/61

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en lui jetant de mauvais regards, mais la présente de sa sœur avait décidé Charles à rester quand même.

Joachim affectait de beaucoup rire en dansant avec Rose. Françoise bouillait de colère, mais feignait de ne s’apercevoir de rien. Dans le fait, Joachim avait dit à Rose : Il s’est passé des choses assez graves ici ; il faudra que nous causions très sérieusement à propos de Charles.

— À demain les affaires sérieuses, avait-elle répondu.

Ni elle ni M. du Quesnoy ne supposaient Françoise aussi instruite qu’elle l’était.

À une valse suivante, ce fut le marquis de Meximiers qui invita Françoise.

À un moment il se mit à la serrer contre lui un peu plus qu’il n’est habituel.

— Arrêtons-nous, dit-elle sèchement.

— Je vous suis profondément reconnaissant et j’éprouve une grande émotion, murmura-t-il tout bas.

Elle eut un mouvement d’étonnement.

Cependant le marquis, arrêté avec Françoise, avait repris : Vous avez bien voulu porter les fleurs que je vous ai envoyées. J’ose espérer que vous m’avez deviné.

Elle eut peur un instant, une peur horrible. N’était-ce pas une irréparable imprudence qu’elle avait commise, un gage donné et désormais impossible à retirer. N’appartenait-elle pas comme une condamnée à un homme fat, adroit, perfide, le dernier auprès de qui elle pût supporter d’être effleurée par un soupçon ?

Puis elle se remit, s’indigna contre une chance, si