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Page:Duras - Ourika et Édouard, I.djvu/101

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ÉDOUARD.

. Le voyage, j’espère, lui fera du bien ; la Hollande est charmante au printemps, madame de C. la promènera, et des objets nouveaux la distrairont. »

Ce peu de mots de M. le maréchal d’Olonne me jeta dans une nouvelle anxiété. Quoi ! c’était depuis la mort de mon père que madame de Nevers était triste ! Mais qu’était-il arrivé ? qu’avais-je fait ? Elle était changée pour moi. Voilà ce dont j’étais trop sûr, et ce qui me désespérait. M. le maréchal d’Olonne, avec sa bonté accoutumée, s’occupait de me distraire, il voulait que j’allasse au spectacle, et que je visse tout ce qu’il croyait digne d’intérêt ou de curiosité. Il me questionnait sur ce que j’avais vu, causait avec moi comme l’aurait fait mon père, et pour m’encourager à la confiance, il me disait que ces conversations l’amusaient, et que mes impressions rajeunissaient les siennes. M. le maréchal d’Olonne, quoiqu’il ne fût point ministre, avait cependant beaucoup d’affaires. Ami intime du duc d’A…, il passait pour avoir plus de crédit qu’en réalité il ne s’était soucié d’en acquérir ; mais les grandes places qu’il occupait lui donnaient le pouvoir de rendre d’importants services. Toute la Guienne, dont il était le gouverneur, affluait chez lui. Pendant la plus grande partie de la matinée, il recevait beaucoup de monde. Quatre fois par semaine il s’occupait de sa correspondance, qui