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ÉDOUARD.

souviens, de la jurisprudence criminelle en Angleterre et de l’institution du jury. Je sentis, je vous l’avoue, un mouvement inexprimable d’orgueil en voyant combien dans ces questions intéressantes l’opinion de mon père était comptée. On l’écoutait avec attention, presque avec respect. La supériorité de son esprit semblait l’avoir placé tout à coup au-dessus de ceux qui l’entouraient, et ses beaux cheveux blancs ajoutaient encore l’autorité et la dignité à tout ce qu’il disait. C’est la mode d’admirer l’Angleterre. M. le maréchal d’Olonne soutenait le côté de la question qui était favorable aux institutions anglaises, et les personnes qui se montraient d’une opinion opposée s’étaient placées sur un mauvais terrain pour la défendre. Mon père, en un instant, mit la question dans son véritable jour. Il présenta le jury comme un monument vénérable des anciennes coutumes germaniques ; et montra l’esprit conservateur des Anglais et leur respect pour le passé dans l’existence de ces institutions qu’ils reçurent de leurs ancêtres presque dans le même état où ils les possèdent encore aujourd’hui ; mais mon père fit voir dans notre système judiciaire l’ouvrage perfectionné de la civilisation. — Notre magistrature, dit-il, a pour fondement l’honneur et la considération, ces grands mobiles des monarchies ; elle est comme un sacerdoce dont la fonction est le maintien de la morale à l’extérieur