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ÉDOUARD.

il en souriant. Vous rappelez-vous le temps où vous disiez qu’elle ne ressemblerait à nulle autre, et qu’elle plairait plus que toute autre ? elle avait neuf ans alors. Madame la duchesse de Nevers promettait dès ce temps-là tout ce qu’elle est devenue depuis, dit mon père. — Oui, reprit le maréchal, elle est charmante ; mais elle ne veut pas se remarier, et cela me désole. Je vous ai parlé de mes derniers chagrins à ce sujet ; rien ne peut vaincre son obstination. » — Mon père répondit quelques mots, et nous partîmes. — Je suis du parti de madame de Nevers, me dit mon père ; mariée à douze ans, elle n’a jamais vu qu’à l’autel ce mari, qui, dit-on, méritait peu une personne aussi accomplie. Il est mort pendant ses voyages. Veuve à vingt ans, libre et charmante, elle peut épouser qui elle voudra ; elle a raison de ne pas se presser, de bien choisir et de ne pas se laisser sacrifier une seconde fois à l’ambition. Je me récriai sur ces mariages d’enfants. L’usage les autorise, dit mon père ; mais je n’ai jamais pu les approuver. Ce fut le lendemain de ce jour que je vis pour la première fois madame la duchesse de Nevers ! Ah ! mon ami ! comment vous la peindre ? Si elle n’était que belle, si elle n’était qu’aimable, je trouverais des expressions dignes de cette femme céleste. Mais comment décrire ce qui tout ensemble formait une séduction irrésistible ? Je me sentis troublé en la voyant,