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Page:Duras - Ourika et Édouard, II.djvu/75

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ÉDOUARD.

de lui la vengeance qui m’était due, et je jetais sur lui la fureur et le désespoir que tant de causes réunies avaient amassés dans mon sein. Je passai la nuit à mettre ordre à quelques affaires ; j’écrivis à madame de Nevers et à M. le maréchal d’Olonne des lettres qui devaient leur être remises si je succombais ; je fis une espèce de testament pour assurer le sort de quelques vieux domestiques de mon père que j’avais laissés en Forez. Je me calmais un peu en songeant que je vengerais madame de Nevers, ou que je finirais ma triste vie, et que je serais regretté par elle. Je me défendais de l’attendrissement qui voulait quelquefois pénétrer dans mon cœur, et aussi des sentiments religieux dans lesquels j’avais été élevé et des principes qui, malgré moi, faisaient entendre leur voix au fond de mon âme. À huit heures, je me rendis chez le duc de L. Il n’était pas réveillé. Il me fallut attendre : je me promenais dans un salon avec une agitation qui faisait bouillonner mon sang. Enfin, je fus admis. Le duc de L. parut étonné de me voir. « Je viens, monsieur, lui dis-je, vous demander raison de l’insulte que vous m’avez faite et des calomnies que vous avez répandues sur madame de Nevers à mon sujet. Vous ne pouvez croire que je supporterai un tel outrage, et vous devez, monsieur, m’en donner satisfaction. — Ce serait avec le plus grand plaisir, me dit le duc de L. Vous savez,