Page:Duret - Critique d’avant-garde, 1885.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

repoussé avec persistance des Salons, a passé sa jeunesse dans la misère. Delacroix a été combattu jusqu’à son dernier jour. Corot, d’abord absolument inaperçu, a ensuite, pendant des années, accumulé les chefs-d’œuvre, sans que les mieux disposés des critiques voulussent y voir autre chose que d’agréables pochades et des esquisses. Millet est mort à la peine, tout au plus compris d’une élite, chargé de famille et écrasé de dettes presque toute sa vie. Courbet a été considéré de son vivant comme un rustre, l’œil fermé aux délicatesses de la nature. Et quand est venue son exposition posthume à l’École des Beaux-Arts, c’est avec surprise que le public a reconnu qu’à la force se joignaient, dans son œuvre, une finesse de tons que l’œil le plus subtil et le plus velouté avait seul pu saisir.

On aurait cru que tant d’exemples de