temps qui sépare la Chine de ses commencements, on n’y retrouve pas moins, à peine modifiés, certains traits propres à l’enfance de tous les peuples, qui ailleurs sont devenus méconnaissables ou ont disparu sous des perfectionnements successifs. En parlant ainsi, ce ne sont point seulement les États modernes auxquels je prétends comparer la Chine ; ou peut remonter dans l’antiquité jusqu’à la Grèce et Rome, et voir ces nations franchir, à partir de leur point de départ, des étapes de civilisation que la Chine arrivée jusqu’à nos jours n’a jamais pu atteindre.
Par exemple, en politique, les Chinois n’ont jamais conçu d’autre théorie du gouvernement que la théorie paternelle. La nature et le rôle de l’autorité sont pour eux identiques dans la famille et dans l’État. De même que dans la famille il y a un père investi par un fait de nature d’une autorité supérieure, de même dans l’État il doit y avoir un père, un maître exerçant spontanément un pouvoir antérieur à toute délégation et supérieur à tout contrôle ; c’est-à-dire que la théorie primitive du gouvernement paternel n’a jamais cédé la place en Chine à des conceptions politiques d’un ordre plus déve-