Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/16

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biliers, voitures, sont comme en Europe, s’ils n’en ont été importés. A la table où je déjeune, on ne boit que du vin français ou de la bière anglaise, et si j’accepte la moindre des invitations à dîner dont l’hospitalité locale est prodigue, il me faut passer l’habit noir et mettre la cravate blanche. Ainsi non-seulement l’Europe s’est rapprochée du Japon, elle s’y est implantée.

En débarquant au Japon, on a donc au suprême degré le sentiment de la révolution que la vapeur réalise dans le monde. Il y a maintenant autour de la terre une ceinture de routes à vapeur que l’on parcourt à grande vitesse sans temps d’arrêt. On n’ose presque plus parler du tour du monde fait dans ces conditions que comme d’une promenade ; voyager, dans l’ancien sens du mot, devient, par la force des choses, de plus en plus rare. Il est vrai que nous nous proposons de sortir assez des routes battues pour retrouver quelque part la vieille Asie et pour mériter à ces pages le titre de voyage que nous leur donnons. Mais, puisque nous voulons parler de l’Asie, il est temps de quitter Yokohama, qui est beaucoup trop européen, et de partir pour Yedo, où nous devons nous trouver en plein Japon.