Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/129

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signe verbal, mais comme un élément essentiel de la personne. L’initiation est considérée comme une seconde naissance. Cette transformation, l’esprit primitif se la représente symboliquement en imaginant qu’un principe spirituel, une sorte de nouvelle âme, est venu s’incarner dans l’individu. Mais si l’on écarte de cette croyance les formes mythiques dans lesquelles elle s’enveloppe, ne trouve-t-on pas sous le symbole cette idée, obscurément entrevue, que l’éducation a eu pour effet de créer dans l’homme un être nouveau ? C’est l’être social.

Cependant, dira-t-on, si l’on peut concevoir en effet que les qualités proprement morales, parce qu’elles imposent à l’individu des privations, parce qu’elles gênent ses mouvements naturels, ne peuvent être suscitées en nous que sous une action venue du dehors, n’y en a-t-il pas d’autres que tout homme est intéressé à acquérir et recherche spontanément ? Telles sont les qualités diverses de l’intelligence qui lui permettent de mieux approprier sa conduite à la nature des choses. Telles sont aussi les qualités physiques, et tout ce qui contribue à la vigueur et à la santé de l’organisme. Pour celles-là, tout au moins, il semble que l’éducation, en les développant, ne fasse qu’aller au-devant du développement même de la nature, que mener l’individu à un état de perfection relative vers laquelle il tend de lui-même, bien qu’il y atteigne plus rapidement grâce au concours de la société. — Mais ce qui montre bien, malgré les apparences, qu’ici comme