Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/136

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l’école. Au contraire, vous voyez avec quelle prudence et quelle mesure, même quand il s’agit de la détermination des méthodes, il convient d’utiliser les données de la psychologie. À elle seule, elle ne saurait nous fournir les éléments nécessaires à la construction d’une technique qui, par définition, a son prototype, non dans l’individu, mais dans la collectivité.

D’ailleurs, les états sociaux dont dépendent les fins pédagogiques ne bornent pas là leur action. Ils affectent aussi la conception des méthodes : car la nature du but implique en partie celle des moyens. Que la société, par exemple, s’oriente dans un sens individualiste, et tous les procédés d’éducation qui peuvent avoir pour effet de faire violence à l’individu, de méconnaître sa spontanéité interne, apparaîtront comme intolérables et seront réprouvés. Au contraire, que, sous la pression de circonstances durables ou passagères, elle ressente le besoin d’imposer à tous un conformisme plus rigoureux, tout ce qui peut provoquer outre mesure l’initiative de l’intelligence sera proscrit. En fait, toutes les fois où le système des méthodes éducatives a été profondément transformé, c’est sous l’influence de quelqu’un de ces grands courants sociaux dont l’action s’est fait sentir sur toute l’étendue de la vie collective. Ce n’est pas à la suite de découvertes psychologiques que la Renaissance a opposé tout un ensemble de méthodes nouvelles à celles que pratiquait le Moyen Âge. Mais c’est que, par