Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/163

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érudition ; c’est pour aboutir à des résultats pratiques. Assurément, la méthode que je suivrai sera exclusivement scientifique ; c’est celle qu’emploient les sciences historiques et sociales. Si j’ai pu parler tout à l’heure de foi pédagogique, ce n’est pas que j’aie l’intention d’en prêcher aucune ; je resterai ici un homme de science. Seulement, je crois que la science des choses humaines peut servir à guider utilement la conduite humaine. Pour se bien conduire, dit un vieil adage, il faut se bien connaître. Mais nous savons aujourd’hui que, pour se bien connaître, il ne suffit pas de tourner notre attention sur la partie superficielle de notre conscience ; car les sentiments, les idées qui viennent y affleurer ne sont pas, il s’en faut, celles qui ont le plus d’efficacité sur notre conduite. Ce qu’il faut atteindre, ce sont les habitudes, les tendances qui se sont constituées peu à peu au cours de notre vie passée, ou que nous a léguées l’hérédité ; ce sont là les vraies forces qui nous mènent. Or elles se dissimulent dans l’inconscient. Nous ne pouvons donc arriver à les découvrir qu’en reconstituant notre histoire personnelle et l’histoire de notre famille. De même, pour pouvoir remplir, comme il convient, notre fonction dans un système scolaire, quel qu’il soit, il faut le connaître, non du dehors, mais du dedans, c’est-à-dire par l’histoire. Car, seule, l’histoire peut pénétrer au-delà du revêtement superficiel qui le recouvre dans le présent ; seule, elle en peut faire l’analyse ; seule, elle peut nous