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tiques que rencontre l’éducateur public dans la France contemporaine, et c’est à des conclusions pédagogiques que le professeur aboutit.


III


Durkheim a laissé le manuscrit, complètement rédigé, d’un cours en dix-huit leçons sur l’Éducation morale à l’École primaire. En voici l’économie générale. La première leçon est une introduction sur la morale laïque, Durkheim y définit la tâche morale qui, dans la France contemporaine, incombe à l’instituteur : il s’agit, pour lui, de donner une éducation morale laïque, rationaliste. Cette laïcisation de la moralité est commandée par tout le développement historique. Mais elle est difficile. La religion et la moralité ont été, dans l’histoire de la civilisation, si intimement unies, que leur dissociation nécessaire ne saurait être une opération simple. Si l’on se contente de vider la moralité de tout contenu religieux, on la mutile. Car la religion exprime, à sa manière, dans un langage symbolique, des choses vraies. Ces vérités, il ne faut pas les laisser perdre, avec les symboles qu’on élimine ; il faut les retrouver, en les projetant sur le plan de la pensée laïque. Les systèmes rationalistes, surtout les systèmes non-métaphysiques, ont généralement présenté, de la moralité, une image beaucoup trop simplifiée. En se faisant sociologique, l’analyse morale peut donner un fondement rationnel, ni religieux ni métaphysique, à une moralité aussi complexe, plus riche même, sous certains rapports, que la moralité religieuse traditionnelle, et remonter jusqu’aux sources d’où jaillissent les forces morales les plus énergiques.

Les leçons qui suivent se groupent en deux parties bien distinctes, et ce plan illustre ce que nous avons dit de la contribution qu’apportent respectivement, à