Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/32

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si cette éducation veut donner sa pleine efficacité.

On peut dire que, jusqu’à nos jours, renseignement grammatical et littéraire est le seul qui ait eu pleinement conscience de son rôle logique : il apprend pour former ; les connaissances qu’il transmet sont volontairement utilisées à la constitution de l’entendement. Dans quelque mesure, l’enseignement mathématique s’assigne le même rôle : ici déjà, pourtant, la fonction éducative, créatrice des connaissances est souvent perdue de vue, et les connaissances appréciées en elles-mêmes. On le voit, la didactique de Durkheim s’apparente, en la renouvelant, à celle de Herbart. Mise à sa place dans l’histoire des doctrines pédagogiques, elle paraît trancher le conflit du formalisme et de son contraire, l’opposition du savoir et de la culture. Elle fournit le principe qui permettra seul de résoudre les difficultés où se débattent nos enseignements primaire et secondaire, pris entre les aspirations encyclopédiques et le juste sentiment des dangers qu’elles font naître. Chacune des disciplines fondamentales implique une philosophie latente, c’est-à-dire un système de notions cardinales, qui résument les caractères les plus généraux des choses, telles que nous les concevons, et qui commandent leur interprétation. C’est cette philosophie, fruit du travail accumulé des générations, qu’il faut transmettre à l’enfant, parce qu’elle constitue l’ossature même de l’intelligence. Philosophique et élémentaire ne sont pas des termes qui s’excluent. Bien au contraire : l’enseignement le plus élémentaire doit être le plus philosophique. Mais il va de soi que ce qu’on appelle ici philosophie ne doit pas être exposé sous forme abstraite. Elle doit se dégager de l’enseignement le plus familier, sans jamais se formuler. Mais, pour s’en dégager ainsi, il faut d’abord qu’elle l’inspire.