recherche que quand la société l’y invite, et il les recherche de la façon qu’elle lui prescrit.
Nous sommes ainsi en mesure de répondre à une question que soulevait tout ce qui précède. Tandis que nous montrions la société façonnant, suivant ses besoins, les individus, il pouvait sembler que ceux-ci subissaient de ce fait une insupportable tyrannie. Mais, en réalité, ils sont eux-mêmes intéressés à cette soumission ; car l’être nouveau que l’action collective, par la voie de l’éducation, édifie ainsi en chacun de nous, représente ce qu’il y a de meilleur en nous, ce qu’il y a en nous de proprement humain. L’homme, en effet, n’est un homme que parce qu’il vit en société. Il est difficile, au cours d’un article, de démontrer avec rigueur une proposition aussi générale et aussi importante, et qui résume les travaux de la sociologie contemporaine. Mais, d’abord, on peut dire qu’elle est de moins en moins contestée. De plus, il n’est pas impossible de rappeler sommairement les faits les plus essentiels qui la justifient.
Tout d’abord, s’il est aujourd’hui un fait historiquement établi, c’est que la morale est étroitement en rapports avec la nature des sociétés, puisque, comme nous l’avons montré chemin faisant, elle change quand les sociétés changent. C’est donc qu’elle résulte de la vie en commun. C’est la société, en effet, qui nous tire hors de nous-même, qui nous oblige à compter avec d’autres intérêts que les nôtres, c’est elle qui nous a appris à dominer nos