Page:Durkheim - Éducation et sociologie.djvu/91

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saire pour une telle étude, c’est-à-dire une bonne statistique, ait été institué.

II. Voilà donc deux groupes de problèmes dont le caractère purement scientifique ne peut être contesté. Les uns sont relatifs à la genèse, les autres au fonctionnement des systèmes d’éducation. Dans toutes ces recherches, il s’agit simplement ou de décrire des choses présentes ou passées, ou d’en rechercher les causes, ou d’en déterminer les effets. Elles constituent une science ; voilà ce qu’est, ou plutôt voilà ce que serait la science de l’éducation.

Mais de l’esquisse même que nous venons d’en tracer, il ressort avec évidence que les théories que l’on appelle pédagogiques sont des spéculations d’une tout autre sorte. En effet, ni elles ne poursuivent le même but, ni elles n’emploient les mêmes méthodes. Leur objectif n’est pas de décrire ou d’expliquer ce qui est ou ce qui a été, mais de déterminer ce qui doit être. Elles ne sont orientées ni vers le présent, ni vers le passé, mais vers l’avenir. Elles ne se proposent pas d’exprimer fidèlement des réalités données, mais d’édicter des préceptes de conduite. Elles ne nous disent pas : voilà ce qui existe et quel en est le pourquoi, mais voilà ce qu’il faut faire. Même, les théoriciens de l’éducation ne parlent généralement des pratiques traditionnelles du présent et du passé qu’avec un dédain presque systématique. Ils en signalent surtout les imperfections. Presque tous