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Page:Durkheim - Le Suicide, Alcan, 1897.djvu/156

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IV.

En résumé, s’il est certain que le suicide est contagieux d*iQdividu à individu, janoais on ne voit Timitation le propager de manière à affecter le taux social des suicides. Elle peut bien donner naissance à des cas individuels plus ou moins nombreux, mais elle ne contribue pas à déterminer le penchant inégal qui entraîne les différentes sociétés, et à Fintérieur de chaque société les groupes sociaux plus particuliers, au meurtre de soi-même. Le rayonnement qui en résulte est loueurs très limité; il est, de plus, intermittent. Quand il atteint un certain degré d’intensité, ce n’est jamais que pour un temps très court.

Mais il y a une raison plus générale qui explique comment les effets de l’imitation ne sont pas appréciables à travers les chiffres de la statistique. C’est que, réduite à ses seules forces, I rimitation ne peut rien sur le suicide. Chez Tadulte, sauf dans les cas très rares de monoïdéisme plus ou moins absolu, Tidée d’un acte ne suffit pas à engendrer un acte similaire, à moins qu’elle ne tombe sur un sujet qui, de lui-même, y est particulièrement enclin. « J’ai toujours remarqué, écrit Morel, que l’imitation, si puissante que soit son influence, et que l’impression causée par le récit ou la lecture d’un crime exceptionnel ne suffisaient pas pour provoquer des actes similaires chez des individus qui auraient été parfaitement sains d’esprit (’) ». De même, le D*" Paul Moreau de Tours a cru pouvoir établir, d’après ses observations personnelles, que le suicide contagieux ne se rencontre jamais que chez des individus fortement prédisposés (^).

Il est vrai que, comme cette prédisposition lui paraissait (1) Traité des maladies mentales, p. 243. (2) De la contagion du suicide, p. 42.