Chapitre VIII
ORIGINES DE CES CROYANCES
(Suite)
III. — Genèse de la notion de principe ou mana totémique
La proposition établie dans le chapitre précédent détermine les termes dans lesquels doit se poser le problème des origines du totémisme. Puisque le totémisme est dominé tout entier par la notion d’un principe quasi divin, immanent à certaines catégories d’hommes et de choses et pensé sous une forme animale ou végétale, expliquer cette religion, c’est essentiellement expliquer cette croyance ; c’est chercher comment les hommes ont pu être déterminés à construire cette idée et avec quels matériaux ils l’ont construite.
I
Manifestement, ce n’est pas avec les sensations que pouvaient éveiller dans les consciences les choses qui servaient de totems ; nous avons montré qu’elles sont souvent insignifiantes. Le lézard, la chenille, le rat, la fourmi, la grenouille, la dinde, la brême, le prunier, le kakatoès, etc., pour ne citer que des noms qui reviennent fréquemment sur les listes de totems australiens, ne sont pas de nature à produire sur l’homme de ces grandes et fortes impressions qui peuvent, sous quelque rapport, ressembler aux émotions religieuses et imprimer aux objets qui les suscitent un caractère sacré. Sans doute, il n’en est pas ainsi des