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Page:Duru et Chivot, Madame Favart.djvu/86

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–––––––Le cœur chaud, la tête prompte,
–––––––Quand vinrent mes dix-huit ans,
–––––––J’épousai monsieur le comte…
–––––––Vrai !… Je crois qu’il était temps !
–––––––Puis l’été… de vingt à trente.
–––––––Tout bas, je l’avoue ici… —
–––––––Cette saison trop brûlante…
–––––––Fut fatale à mon mari !
–––––––A quarante ans c’est l’automne.
–––––––Au dire des amoureux,
–––––––C’est alors que l’arbre donne
–––––––Ses fruits les plus savoureux.
–––––––Mais, hélas ! l’hiver s’avance,
–––––––Il neige sur mes cheveux ;
–––––––Aux douceurs de l’existence
–––––––Il faut faire mes adieux !
–––––––A cette vie… un peu leste…
–––––––J’ai renoncé… malgré moi
–––––––Mais le souvenir m’en reste,
–––––––Et c’est encore ça, ma foi !
PONTSABLÉ, à lui-même.

Peste ! ce fut une gaillarde… (Haut.) Chère comtesse, je vous remercie d’être venue… (Regardant Hector.) Maintenant, je puis démasquer mes batteries…

HECTOR, inquiet, à part.

Ses batteries… qu’est-ce qu’il manigance encore ?…

PONTSABLÉ.

Je vous ai dit, Boispréau, que j’étais venu à Douai pour y arrêter madame Favart ; vous m’avez promis de m’y aider… Eh bien, la besogne sera facile, attendu que vous cachez madame Favart ici même !…

HECTOR.

Moi !

MADAME FAVART.

Certainement, petit drôle…

HECTOR.

Mais…