Page:Duru et Chivot - La Fille du tambour-major.djvu/56

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C’est d’une façon bizarre
Qu’ils adorent leurs enfants !
On les choie, on les caresse,
Quand ils sont petits, petits,
Ce sont trésors de tendresse,
Et soins jamais ralentis ;
On est, pendant leur enfance,
Heureux de leur obéir,
Ils parlent, et l’on devance
Jusqu’à leur moindre désir !
Pour eux, constamment en peine,
On les gâte tant qu’on craint
De leur causer une gêne,
Ou le plus mince chagrin.
Mais lorsque la jeune fille
Atteint dix-huit ou vingt ans,
Elle voit dans sa famille
Des changements surprenants.
Pour se débarrasser d’elle,
Dût-on la sacrifier,
On lui dit : Mademoiselle,
Vite, il faut vous marier !
Qu’il vous plaise ou non, qu’importe !
Voilà votre époux, bonsoir !
Avec lui prenez la porte,
Au plaisir de vous revoir !
Sans pitié pour ses alarmes,
On n’écoute pas ses cris,
On ne veut pas voir ses larmes,
On lui répond : Obéis !
Avec de tels mariages,
Qu’advient-il, gens imprudents ?
C’est que dans tous ces ménages
On voit beaucoup… d’accidents !
Ah ! vraiment je le déclare,
Les parents sont étonnants,
C’est d’une façon bizarre
Qu’ils adorent leurs enfants