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amour vainqueur

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turellement distinguée et bien éduquée ; toutes les règles de la bienséance, et du savoir-vivre qu’elle avait apprises aux couvents de Jésus Marie, à Hochelaga et à Chatham lui étaient si familières et si naturelles qu’on aurait dit qu’elle avait été élevée dans les familles du grand monde.

M. Mitchell était fier de son amie ; les charmes de sa jeunesse, la naïveté de son esprit, les réponses intelligentes et réfléchies qu’elle donnait quand il s’agissait de converser sur des sujets d’actualité, sérieuse, son regard vif et étincelant d’ardeur, d’amour, en faisaient une charmante jeune fille, digne de la haute distinction et des richesses de M. Mitchell.

Aussi ne manquait-il pas l’occasion pour présenter sa jeune amie dont il se sentait orgueilleux, à ses parents, à ses amis et pour s’en faire accompagner dans tous ses voyages, et pour assister avec elle, à toutes les grandes réceptions, fêtes musicales, qui se donnaient à New-York et auxquelles il décidait de prendre part.

Ninie, sans le détester, n’éprouvait pas pour lui, l’amour qu’elle avait ressenti quand jeune, elle avait aimé son ami Rogers ; souvent, le soir, retirée à sa chambre, seule, pensive, quand l’aquilon venait souffler fortement à sa fenêtre, que la pluie tombait en torrents bruyants sur la façade de l’hôtel Savoie, qu’assise dans son grand fauteuil, et contemplant les nuages déversant leurs orages, sous les rayons tristes de la lune qui se montrait de temps en temps, elle faisait la comparaison de l’amour nouveau qu’elle avait pour M. Mitchell avec l’amour d’autrefois qu’elle avait ressenti pour Rogers ! l’amour que Ninie avait pour M. Mitchell était dicté par sa raison, celui qu’elle avait eu pour Rogers lui avait été dicté par son cœur ! Mais à quoi bon, se disait-elle, penser encore à cet amour de Rogers ? Je ne puis plus le voir ! il est prêtre ou sera un jour, prêtre ! L’amour qu’elle avait eu pour lui l’avait fait tressaillir de joie, de bonheur !

Celui qu’elle avait pour M. Mitchell, ne lui inspirait que de la reconnaissance pour ses bontés ; sa raison seule lui faisait comprendre qu’elle serait heureuse en l’épousant ; mais plus elle le connaissait, moins elle était portée à l’aimer, bien que M.