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amour vainqueur

à faire croire au public que Rogers est malhonnête, que tous ceux qui ont transigé avec lui ont perdu de l’argent. Ils ne regardent pas autour d’eux, et ne voient pas que déjà, la baisse en immeubles en a ruiné des hommes d’affaires ! Mais Harry, et son ami, le millionnaire sont les fomentateurs de ce procès qu’il me faut subir. Va, Ninie, lui dit-il, va vers tes parents, et reviens moi, forte et vigoureuse, et j’ose croire que ton cœur, en face du péril qui me menace et des jours d’épreuves qu’il me faudra traverser, ne saura changer ses affections, et me restera fidèle, comme mon meilleur appui.

Oh ! Rogers, lui répondit la jeune fille, je renonce à mon projet de prendre une vacance ; je veux rester auprès de toi, pour t’être utile, pour te défendre, et te consoler dans tes peines, si quelqu’un t’en cause. La reconnaissance que je te dois est sans bornes ! Tu m’as sauvé la vie ! Harry m’a attaquée ! Tu m’as défendue. Harry veut encore se vouer à sa vengeance, hé bien ! s’il t’attaque, je te défendrai ! Il porte encore et portera tout le temps de sa vie, les cicatrices que les balles de ton revolver lui ont infligées ; il portera aussi, au front, les stigmates du déshonneur, que ma plume lui infligera, en laissant à ses contemporains le récit écrit de ses basses manœuvres !

Il n’aura pas assez de milliers de piastres pour racheter les volumes qui auront été répandus parmi ses contemporains ! Il emportera dans la tombe, la honte que je lui causerai !

Non, Ninie, mon amie, ne fais donc pas cela ! Ne t’expose pas à un libelle ; il pourrait te causer beaucoup d’ennui, de troubles ! J’essaierai plutôt par la voie diplomatique, à mettre cette cause, à néant. Tu pourras prendre tes vacances, car d’ailleurs, les procédures sont longues et cette cause sensationnelle ne viendra pas devant les tribunaux avant l’hiver prochain. Va prendre tes vacances. Ta santé requiert du repos.

Crois-moi, Rogers, n’aie pas de doute sur la fidélité de mon cœur. Ma vie entière t’appartient ! Je connais la méchanceté de Harry. S’il allait jusqu’à oser attaquer ton honneur, ta réputation et que le public te croirait coupable, je redoublerai d’ardeur pour faire prouver ton innocence, un jour ou l’autre ! Je prierai Dieu, si fervemment que tu triompheras sois-en sûr.